Les girouettes de rêve d’un couple dans le vent

Le Telegramme. Parution du :  10 octobre 1996

Tous deux sont libres comme le vent. Celui qui souffle sur leurs girouettes. Depuis 10 ans, Pierre et Françoise Rimbaud dessinent et fabriquent des girouettes. Quand ils ne sont pas sur les marchés pour vendre leurs sorcières ou leurs bateaux métalliques. Une profession originale exercée par un couple peu banal.

La quarantaine bien sonnée, ils ont tous les deux un parcours professionnel atypique, dont ils ne souhaitent pas parler. Parce que « sans rapport ». Créer et fabriquer des girouettes, c’est un choix. Un métier qui permet de nourrir la famille depuis 10 ans, tout en ayant le temps de vivre.

Françoise et Pierre ont commencé par les coqs. Traditionnel, « mais c’est passé de mode ». Alors, ils ont laissé libre cours à leur imagination. Aujourd’hui le catalogue des Rimbaud compte près de 75 modèles. Quelques nouveautés sont en cours de fabrication.

Des sorcières, des ânes…

« Une girouette, c’est le rêve ». Alors Françoise a dessiné des silhouettes de sorcières au nez crochu, comme celles que l’on croise avec frisson dans les contes d’enfants. Dans la même veine, elle a imaginé le petit Chaperon rouge, les personnages des fables de la Fontaine et le Diable, lui-même avec queue fourchue et sourire sardonique. Pour les marins dans l’âme, Neptune, une goélette, un Sinagot ou une bisquine permettent de prendre le large à bon compte.

Les métiers comme le cuisinier, le berger ou le vacher rappellent les girouettes traditionnelles. Enfin les animaux qu’ils soient des ânes, des chats, des oies, des chevaux, des thons (comme sur l’église de Groix) figurent en bonne place dans le catalogue.

Autrefois la noblesse, aujourd’hui les roturiers

Avant la Révolution, les girouettes étaient réservées au clergé et à l’aristocratie. Par la suite, les agriculteurs aisés en ont installé sur le faîte de leur ferme. A la fois comme marque de reconnaissance et aussi comme baromètre. Les sens du vent annonçant de bonnes récoltes ou des semis desséchés…

Depuis les choses ont bien changé. Les girouettes de Pierre et Françoise Rimbaud ornent les cheminées des masures de roturiers. Et donnent leurs lettres de noblesse aux maisons de vacances les plus humbles.

« On nous achète pour faire un cadeau, à l’occasion de la pendaison d’une crémaillère… » Ou tout simplement pour la part de rêve, qu’apporte une silhouette découpée dans le ciel.

En aluminium

Autrefois les girouettes étaient en cuivre ou en zinc. Celles de Pierre et Françoise Rimbaud sont en aluminium. « C’est solide et le fioul ne l’attaque pas ». A la différence du zinc qui est corrodé par les vapeurs de souffre. « Le cuivre est plus cher, mais nous en faisons à la demande ».

Tout comme les enseignes d’artisan que les époux Rimbaud fabriquent sur mesure. Ou encore celles d’associations et clubs en tout genre. Bientôt le centre des « Bigotes » (accueil municipal des jeunes) aura le sien. Quand Pierre et Françoise ne sont pas dans leur atelier, ils s’installent sur les marchés. Tout l’été, ils sillonnent la Bretagne et « maintenant que les enfant ont grandi » ils s’aventurent de temps à autre plus loin, comme en Bourgogne. « Nos tarifs restent abordables et nous fournissons le sujet, le mât, une table d’orientation et deux fixations de mât ». Ne reste plus qu’à l’installer sur le toit. Généralement, les couvreurs ou installateurs d’antenne de télévision s’en chargent. La fourchette de prix se situe entre 450F et 880F. Excepté un modèle à 950F. Les époux Rimbaud ne roulent pas sur l’or « surtout si on compte le temps passé sur les marchés ». Mais quand ils lèvent le nez dans la rue, ils sont contents d’avoir offert un peu de rêve aux autre.

Flore Limantour

Le Télégramme Vannes Auray. Parution du : mardi 10 septembre, 1996